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le lien entre pollution de l’air et cancer du poumon

Santé. 

Des chercheurs décryptent le lien entre pollution de l’air et cancer du poumon

Les particules fines viendraient “réveiller” des cellules précancéreuses qui s’accumulent avec l’âge mais restent normalement inactives, expliquent des chercheurs au Congrès européen de cancérologie, qui se tient à Paris jusqu’au 13 septembre.

https://www.courrierinternational.com/article/sante-des-chercheurs-decryptent-le-lien-entre-pollution-de-l-air-et-cancer-du-poumon

Le mécanisme par lequel de très petites particules polluantes dans l’air peuvent déclencher un cancer du poumon chez les personnes qui n’ont jamais fumé a été identifié par des scientifiques du Francis Crick Institute et de l’University College de Londres. Cette découverte a été présentée samedi 10 septembre, à l’occasion du Congrès européen de cancérologie (Esmo) qui se tient à Paris jusqu’au 13.

Une corrélation entre pollution de l’air et cancer du poumon avait déjà été mise en évidence, mais la relation de cause à effet entre les deux n’était pas connue. D’après les données présentées à l’Esmo, la pollution aux particules fines ne déclenche pas directement de modification de l’ADN, contrairement aux rayons ultraviolets ou à la fumée de tabac, qui provoquent des mutations génétiques à l’origine de cancers de la peau ou du poumon. La pollution déclencherait une réponse immunitaire aux particules fines et viendrait “réveiller” des cellules précancéreuses dormantes.

Charles Swanton, l’un des chercheurs impliqués dans cette découverte, décrypte dans le Financial Times :

“Les cellules porteuses de mutations à l’origine de cancers s’accumulent naturellement avec l’âge, mais restent normalement inactives. Nous avons démontré que la pollution atmosphérique réveillait ces cellules dans les poumons, les encourageant à se développer et potentiellement à former des tumeurs.”

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont analysé les données de 400 000 personnes souffrant de cancer du poumon au Royaume-Uni, à Taïwan et en Corée du Sud, ainsi que leur exposition aux particules dites PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 microns). Ils ont également mené des expériences en laboratoire sur des souris, puis sur des cellules et des tissus humains, comme l’explique Charles Swanton dans la vidéo en anglais ci-dessous.

Au site de la chaîne britannique BBC, le chercheur assure que cette découverte ouvre “une ère nouvelle” et suscite de nouveaux espoirs. On pourrait imaginer développer un médicament bloquant ce “réveil” des cellules endommagées, en particulier pour les personnes vivant dans les zones les plus polluées par exemple. Même si le risque de cancer du poumon lié à la pollution de l’air est largement inférieur à celui dû au tabagisme, nous n’avons aucun contrôle sur ce que nous respirons tous, note le chercheur dans The Guardian.

Reste que, “à l’échelle mondiale, davantage de gens sont exposés à des seuils dangereux de pollution atmosphérique qu’à la fumée de cigarette, et ces nouvelles données démontrent que l’amélioration de la santé humaine passe par l’amélioration de la qualité de l’air”, insiste-t-il. Un point de vue partagé par Tony Mok, de l’université chinoise de Hong Kong, qui n’a pas participé à l’étude :

“Comme la consommation de combustibles fossiles va de pair avec la pollution et les émissions de dioxyde de carbone [responsable du dérèglement climatique], nous avons un mandat fort pour nous attaquer à ces problèmes – pour des raisons tant environnementales que sanitaires.”

Courrier international


Date de création : 08/11/2022 20:05
Catégorie : La Bagnole -
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